
L'Arc de Triomphe de Maroilles restauré en 2014.
Histoire de la place verte et de l’arc de triomphe de Maroilles.
Classé à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques
depuis 1977, l’Arc de Triomphe de la commune de Maroilles a été
élevé au début du XIXe siècle. Monument unique dans la région,
héritier de la Révolution française et de l’épopée napoléonienne, il
se dresse encore à l’angle de la Place Verte, spectateur depuis plus
de deux siècles de la vie quotidienne de Maroilles. Il orne
élégamment une place qui fut de tout temps un lieu public, depuis la
naissance de la paroisse autour de l’abbaye avant l’an Mil, alors
pâture commune au bétail de tous les villageois, un « aisement »
disait-on alors, jusqu’à nos jours, lieu des ducasses et autres
nombreuses fêtes de Maroilles.
Histoire de la place Verte.
La place
Verte est aménagée en 1808/09, le maire de Maroilles aux convictions
républicaines se nommant alors Nicolas Vendois. Le projet prévoit,
hormis la construction de l’arc de triomphe, d’assainir l’espace en
comblant fossés et mares, de le niveler et de le drainer, de tracer
des nouveaux chemins autour de la place, puis enfin de planter une
centaine de tilleuls, décision de mai 1808 et effective en octobre
1810. Le but n’est autre que d’offrir un écrin de verdure au futur
arc de triomphe souhaité dès 1806, au lendemain de la victoire
napoléonienne d’Austerlitz, par le préfet du Nord, baron d’Empire,
le général de division François René de Pommereul. Selon l’avis
préfectoral, l’arc de triomphe sera l’ornement de la place Verte
conçue comme une promenade impériale, de conception plus modeste
évidemment que celle imaginée pour l’arc de triomphe de l’Etoile à
Paris !
Histoire de l’arc de triomphe.
Contrairement à ce qui peut se
lire sur la plaque commémorative installée lors du centenaire de la
Révolution française sur sa partie supérieure, l’arc de triomphe a
été élevé durant l’année 1809. Une partie des pierres, celles du
fronton, proviennent du second étage du portique de l’ancienne
abbatiale édifiée au XVIIIe siècle. La façade d’ordre dorique a été
démolie pour conserver l’étage supérieur ionique, « d’un genre plus
distingué » pensait-on alors. La décision de démolir l’église
abbatiale a été prise durant la période révolutionnaire. L’édifice
va désormais servir de carrière pour les constructions de Maroilles,
notamment les maisons particulières. Un vent anticlérical souffle
sur la commune qui a souffert de l’autorité de l’abbé du monastère
bénédictin, attisé par le Préfet du Nord, athée notoire, hostile à
toute manifestation religieuse. Le nombre de pierres offertes pour
l’édifice ne suffit pourtant pas. Le complément de pierres
nécessaires provient de la carrière de Marbaix, village voisin de
Maroilles, notamment pour le socle et les pieds.
L’édifice restera
inachevé, il manque toujours le fronton pourtant inclus dans le
projet initial. C’est le départ prématuré du Préfet du Nord en 1810
qui en est la cause. A ce moment, le projet est abandonné. Lors de
sa réfection en 2013/2014 initiée par la commune de Maroilles,
l’idée portée par l’architecte du patrimoine proposait d’en achever
l’édifice en réalisant le fronton. Deux siècles après son début de
construction, l’idée avait un certain panache ! La DRAC du Nord
s’est obstinément opposé au projet et aujourd’hui, si sa
restauration a sauvé l’édifice, il reste inachevé. Facétie curieuse
de l’histoire, son achèvement l’a peut-être sauvé après la
Restauration monarchique de 1815 ! En août 1842, un délibéré du
conseil municipal signale que « l’arc de triomphe construit vers
l’année 1809 n’a jamais été achevé, que depuis lors il n’a pas même
été entretenu, que son achèvement et sa restauration entraîneraient
des dépenses que la commune ne pourrait solder ». En conséquence, le
maire propose sa vente et sa démolition. Le préfet, le vicomte de
Saint-Aignan refuse et oblige la commune à le réparer. Destin d’arc
de triomphe étrange, car pensé par un républicain, rêvé pour un
Bonaparte, élevé sous Napoléon, sauvé par un royaliste, et enfin
restauré sous une autre République ! Si le fronton avait été réalisé
à l’origine, il y aurait porté la devise de Napoléon et nul doute
que le pouvoir royaliste n’eut pas toléré sa sauvegarde. Après tant
de régimes politiques renversés, l’arc de Maroilles, face aux
servitudes politiques des hommes, reste aujourd’hui debout. Comme un
défi au temps et pour prouver le génie humain qui l’a conçu et élevé
depuis les arcs de triomphe de la Rome antique !
|